(BUKAVU, RDC) Le Dr Denis Mukwege, fondateur et directeur médical de l'hôpital de Panzi, et fondateur et président de la Panzi Foundation USA, a rédigé l'avant-propos du rapport publié aujourd'hui par Global Witness et Amnesty International "Creuser pour la transparence." Le rapport examine et analyse les déclarations soumises par 100 entreprises en vertu de la loi Dodd Frank de 2010 (section 1502), connue sous le nom de loi sur les minerais de conflit.

La Fondation Panzi USA a publié aujourd'hui la déclaration suivante au nom du Dr Mukwege, en soutien au rapport :

 "La violence se poursuit malgré la fin officielle de la guerre. D'immenses régions de mon pays restent contrôlées par des groupes rebelles qui utilisent la violence sexuelle comme une arme. De plus en plus de femmes et de jeunes filles, marquées physiquement et psychologiquement par le viol, arrivent chaque semaine à Panzi, un hôpital que j'ai fondé dans ma ville natale de Bukavu, dans l'est de la République démocratique du Congo. En tant que chirurgien, mon rôle est de soigner et de réparer leurs corps et leurs âmes. Chaque jour, mon personnel et moi-même sommes témoins des ravages causés par les violences sexuelles. Elles violent le corps et détruisent souvent des vies.

"Ce conflit s'étend bien au-delà des frontières du Congo. La brutalité est en partie financée et alimentée par le commerce des ressources minérales. Certains de ces minerais - tels que l'or, l'étain et le coltan - proviennent de mines contrôlées par des groupes armés qui ont l'habitude de mener ces attaques. Les femmes constituent la principale force de travail et sont les principales pourvoyeuses de soins. Par le viol, les groupes armés exercent un contrôle sur elles tout en détruisant leur corps et en essayant de les priver de leur humanité. 

"L'assainissement du commerce des minéraux, dont dépendent des milliers de mineurs légitimes, est essentiel si nous voulons limiter les dégâts causés par les auteurs de violences déstabilisatrices. La tâche n'est pas aisée. 

"Ces lois doivent être appliquées. Les personnes coupables de crimes au Congo doivent être traduites en justice. Il faut faire davantage pour soutenir la vie des hommes et des femmes ordinaires qui travaillent dans les mines. Les entreprises responsables doivent continuer à s'approvisionner dans les mines du Congo et d'autres régions à haut risque qui sont libérées des groupes armés. Nous avons besoin d'un commerce des minerais exempt de conflits, qui permette à la population congolaise de bénéficier de ces ressources.

L'une des plus puissantes consiste à obliger les entreprises à éclairer leur chaîne d'approvisionnement pour voir qui en bénéficie à chaque étape et à rendre compte de leurs découvertes. Essayer de résoudre ce problème sans regarder serait comme si j'essayais d'opérer les yeux fermés".